Bien que je me fusse éloigné de Charlotte et des entrainements intensifs auxquels j’étais soumis là-bas, je ne m’étais en rien éloigné de la pression qui pesait sur mes épaules. En réalité, ce fut pire que ce que j’imaginais. Non seulement le coach était sur mon dos, m’appelait dès qu’il avait un instant afin de s’assurer que je me gardais en forme, mais mon agent m’envoyait une centaine de messages à la minute. Si bien que je n’avais pas le temps d’en lire un qu’un autre arrivait. Il aurait pourtant dû se montrer rassuré ; en effet, je l’avais appelé, ce matin même, pour lui faire part de ma conversation avec Haley, de notre accord, du fonctionnement de notre plan. Il m’avait semblé satisfait et, pourtant, il ne me lâchait plus, me suggérant telle ou telle chose, m’interdisant une autre. J’en venais à me demander si cette escapade à Tree Hill m’apporterait vraiment un peu de paix, de calme – des vacances – comme il me l’avait fait croire à mon départ. Quoi qu’il en soit, j’étais là. J’avais donc trouvé une solution pour cette fin d’après-midi : j’avais éteint mon portable. C’était une réaction tout à fait puérile, irresponsable, sachant que j’abandonnais toute une équipe qui avait toujours été derrière moi mais, encore, je n’étais pas connu pour être l’homme le plus altruiste de la planète. Et puis, je n’avais seulement besoin que de quelques minutes. Juste une pause.

J’avais donc fait le tour du centre commercial. Très rapidement, j’avais flâné devant quelques vitrines, avais été arrêté par des gens qui m’avaient reconnu. J’avais souri devant les flashs, signé deux ou trois autographes. Et puis, rapidement, j’avais jeté un coup d’œil sur la montre à mon poignet et remarqué qu’il ne manquait plus qu’une demi-heure avant le rendez-vous qu’Haley m’avait donné. Nous avions convenu de nous retrouver dans l’un des petits cafés du centre commercial, je décidai de m’y rendre avec un peu d’avance. Au moins prouverais-je à la jeune femme que je prenais les choses avec plus de sérieux qu’elle ne l’imaginait. Arrivé au point du rendez-vous, je commandai un café et m’installai à une table dans un coin bien spécifique, là où on pourrait être vu sans néanmoins attirer l’attention trop fortement. Confortablement installé, je glissai la main dans la poche de mon pantalon, en tirai mon téléphone et l’allumai. Tandis que de nombreux messages apparaissaient, je pris une gorgée du breuvage chaud. Je m’abîmai si intensément dans la lecture et l’écoute de mes messages que je ne remarquai pas la silhouette qui s’approchait de moi. Ce ne fut que lorsqu’elle s’immobilisa devant la table que je compris. Je relevai la tête, mes yeux se posèrent immédiatement sur elle. « Hey… » fis-je simplement. Pour une fois, je fus à court de mots. Stressé ? Peut-être pas à ce point, mais j’avouais ressentir un certain trac. Je décidai de détendre l’atmosphère.

« Souris, Haley. On dirait que tu vas à la rencontre de la Mort. » soufflai-je en lui montrant le siège en face de moi, l’invitant à s’asseoir.

Tu venais de sortir du gymnase. On ne pouvait pas dire que ton annonce à Lucas de ton soi-disant couple avec son demi-frère ennemi, fut vraiment bien accueillie. Tu ne lui en voulais pas, tu l’avais prévu. Mais tu n’avais pu t’empêcher de penser que si la situation avait été réelle, il ne t’aurait pas soutenu. Et si tu avais été vraiment amoureuse de Nathan ? Il n’aurait pas fait l’once d’un effort ? Et voilà qu’à présent tu devais aller rejoindre cet idiot de basketteur prétentieux et feindre l’amour fou devant les gens qui seraient là.

Lorsque tu vis au loin le centre commercial, tu commenças déjà à soupirer. Tu n’avais jamais été aussi excédée de ta vie. Tu marchas un peu et rejoignit le café où vous deviez vous retrouver. L’espace de quelques secondes tu ne le vis pas et tu soupiras une nouvelle fois d’énervement. Evidemment il était en retard. Et puis tu l’avais aperçu dans un coin et tu t’approchas du bar. Tu commandas un chocolat chaud et le rejoignit. « Hey… »Tu ne répondis pas. Tu ne savais pas si c’était parce que tu le détestais profondément en ce moment-même ou si tu te détestais toi-même de faire ça aux gens que tu aimais. « Souris, Haley. On dirait que tu vas à la rencontre de la Mort. » Tu t’assis à contre cœur en face de lui et fit un sourire forcé. « Je n’ai aucune envie d’être là et… » Tu avais envie de lui dire à propos de Lucas. Après tout n’était-il pas la seule personne à qui tu pouvais te confier à ce sujet ? Tu te ravisas rapidement « … et ton sourire narquois ne m’avait pas manqué. »

Elle donnait l'impression d'être venue à reculons, d'avoir repoussé cette rencontre jusqu'à ses derniers instants. Pourtant, cela avait été son idée. C'était elle qui m'avait proposé ce rendez-vous la veille, lorsque nous nous étions vus sur la jetée. Je ne pouvais néanmoins pas lui en vouloir. Après tout, je faisais tout pour la mettre hors des gonds. Je lui glissai quelques provocations bien trouvées, je m'amusai de ses réactions, et ne m'en lassai pas. Décidant d'épargner un peu la jeune femme, je recouvrai mon sérieux tandis qu'elle prenait place en face de moi. Je jetai un coup d'oeil à sa boisson, puis relevai les yeux dans sa direction quand sa voix résonna à mes oreilles. « Je n’ai aucune envie d’être là et… » Je plissai les lèvres, méditai cette phrase quelques instants. Pensait-elle sincèrement que cela me plaisait plus qu'à elle ? Elle n'avait rien des femmes que je séduisais habituellement. Elle était très loin de mon style, il fallait qu'elle le comprenne. Je lui lançai donc un regard peu amène, comme elle me lançait une nouvelle remarque. « … et ton sourire narquois ne m’avait pas manqué. » Cette phrase même en attira un autre, de sourire narquois. Je ne pouvais m'en empêcher. Sa présence me ramenait subitement au fils illégitime de mon père, mon demi-frère, celui que je détestais viscéralement. Alors, je me protégeais en devenant ce Nathan impassible, taquin, que rien ne semblait toucher.

Je me ravisai néanmoins de lui rétorquer une phrase de mon cru. Je soupirai doucement, portai la tasse à mes lèvres et absorbai quelques gorgées. Puis, mes yeux se scellèrent à ceux de la jeune femme et je décidai de prendre un nouveau tournant. J'avouais que, après six ans, je ne savais rien d'elle. Excepté qu'elle avait réussi dans le domaine qui lui plaisait : la chanson. Mais n'étant pas passionné de son style de musique, je n'avais jamais suivi son évolution. « Bien. Passons. » suggérai-je en posant ma tasse devant moi. « Et si tu me parlais un peu de ta vie ? Comment c'est, le quotidien d'une chanteuse à succès ? » J'étais sincère, c'était probablement ce qui me surprenait le plus. Je me sentais concerné. Tout d'un coup, j'avais vraiment envie de savoir ce qui rythmait sa vie, ce qu'elle était devenue. Et si elle vivait le succès comme moi. Même si je me doutais de cette dernière réponse.  

Tu regardais ta boisson comme si elle allait t’apporter une réponse. En fait tu fondais tous tes espoirs dans cette boisson : un geste de travers et elle pourrait tâcher le polo de Nathan.  Il serait obligé de rentrer et ce rendez-vous serait annulé. Tu souris à la simple imagination de la scène mais rapidement tu entendis de nouveau la voix de Nathan. « Bien passons. » Passons quoi au juste ? Vous étiez coincés tous les deux dans cette situation. « Et si tu me parlais un peu de ta vie ? Comment c'est, le quotidien d'une chanteuse à succès ? » Voilà qui était étrange. Tu relevas la tête vers lui hésitante. Il te demandait d’en savoir un peu plus sur ta vie de chanteuse ? Il semblait vraiment intéressée mais sans pouvoir t’en empêcher tu te méfiais de lui. Tu te mordis la lèvre avant de lui répondre. «  Et bien actuellement je suis en phase composition. J’essaie de trouver de l’inspiration pour écrire de jolies chansons dans lesquelles les gens pourraient se retrouver. Après il y a la phase enregistrement puis promotion et enfin tournée. Je ne sais pas si j’en préfère une en particulier, je crois que toutes m’apportent quelque chose. » Tu lui fis un petit sourire sincère. Tu venais de parler plus que d’habitude en sa présence mais dès qu’on te lançait sur le sujet de ton métier tu ne t’arrêtais plus. C’était une sensation bizarre de parler de ça avec lui. Mais en même temps il était le seul de ton entourage qui pourrait comprendre ce qu’était la pression, les résultats à obtenir. Au dela de la passion il y avait plein de petits détails à régler. « Et toi ? Tu t’entraines, tu joues, tu sors à droite à gauche ? » lui demandas-tu avec un sourire moqueur. Pour la première fois c’était loin d’être méchant mais plus humoristique. Tu te rendais compte que vous aviez un point commun : votre métier.

C'était un sentiment étrange qui s'enfouissait en moi. Pendant près de quatre ans, j'avais tout ignoré de la jeune femme, j'avais été complètement indifférent à son quotidien, à ses passions, à ce qui la poussait dans la vie. A mes yeux, elle n'était que la petite copine d'un demi-frère que je ne supportais pas ; ils étaient collés, comme deux ombres. Si j'avais, un beau jour, ressenti un semblant d'intérêt, c'était simplement dans l'espoir que notre rapprochement le mette hors de lui. Mais elle avait toujours coupé court à mes avances. Cependant, en cet instant, c'était différent. Ce que je ressentais au plus profond de mes tripes, c'était une curiosité tout à fait honnête. J'écoutai donc le récit de sa vie de chanteuse avec silence, acquiesçant aux descriptions des différentes étapes. J'en fus impressionné ; je n'avais pas la moindre idée qu'elle écrivait et composait elle-même. Je me promis de faire des recherches, d'écouter l'un de ses titres. Simplement pour savoir. S'il fallait feindre un couple, je me devais de savoir ce qu'elle faisait exactement, de quoi parlait ses textes, le rythme de ses mélodies.

Je bus une nouvelle gorgée de café, terminai ma tasse et la reposai devant moi. « Et toi ? Tu t’entraines, tu joues, tu sors à droite à gauche ? » J'eus un petite rire. Complètement sincère, cette fois. La situation s'était inversée, voilà que c'était elle qui se moquait de moi. Mais je ne le pris nullement mal. Au contraire. J'en fus parfaitement amusé. « C'est à peu près ça, oui... » confirmai-je, un vague sourire aux coins des lèvres. Pour être tout à fait franc, mes journées étaient plus emplies que cela. Si je profitais beaucoup de mon statut de célébrité locale, j'avais tout de même pas mal de responsabilités. Celle de ne pas être une déception pour mon père, par exemple. La plus grande frayer de ma vie. Je n'aspirais qu'à être le fils qu'il désirait ardemment. Et c'était compliqué. « S'il n'y avait pas la pression, ce serait la vie dont tout le monde rêve. » soufflai-je, soudainement plus sérieux. « Mais j'ai encore beaucoup à prouver. Surtout à Dan. Qui ne sera jamais satisfait, quoi que je fasse... » J'avais laissé échapper ma pensée la plus secrète. Je n'en étais pourtant pas surpris. J'avais confiance en Haley. Bizarrement. Alors que je ne la connaissais, somme toute, pas encore. Elle inspirait aux confidences, c'était tout ce que je savais. Mais, m'en voulant d'avoir laissé transparaître un semblant de faiblesse, comme un pauvre petit être vulnérable, je me tus. Et repris quelques secondes plus tard : « Comment Lucas a-t-il pris l'annonce fatidique ? »

Tu le taquinais, tu t’amusais de son statut de beau goss qui s’amuse tout le temps sans penser aux conséquences. Tu ne t’en cachais pas, tu pensais vraiment qu’il était comme ça. Tout chez lui tendait vers cette direction. Tu attendais sa réponse, sûre de lui, prétentieux, à te dire que oui, en effet, c’était à peu près ce à quoi ressemblait sa vie et tu ne te trompas presque pas  « C'est à peu près ça, oui... ».  Il ajouta presque tout de suite avec une mine beaucoup plus triste « S'il n'y avait pas la pression, ce serait la vie dont tout le monde rêve.Mais j'ai encore beaucoup à prouver. Surtout à Dan. Qui ne sera jamais satisfait, quoi que je fasse... » Wow celle-là tu ne l’avais pas vu venir. En réalité tu ne t’étais jamais posé la question. Oui tu t’en doutais il y avait une pression de folie mais de là à ce que Dan contrôle encore un peu Nathan même à vingt-quatre ans, ça non jamais tu n’y aurais pensé. Mal à l’aise tu bus une gorgée sans rien prononcer. Tu ne savais quoi lui dire. « Comment Lucas a-t-il pris l'annonce fatidique ? ». Changement habile de sujet. Tu baissas la tête une nouvelle fois. Il devait bien se douter de ta réponse. Tu haussas les épaules. « Si j’étais réellement amoureuse de toi et en couple avec toi alors j’aurais voulu qu’il le comprenne. Mais il ne l’a pas fait. » Tu pris une nouvelle gorgée. C’est vrai que ça t’avait fait de la peine. Il s’était montré en colère et tu craignais à présent qu’il ne le soit plus encore quand il apprendrait que tout ça n’était que du vent. Tu préférais ne pas y penser. « Nathan… A propos de ce que tu as dis… Je pense que tu n’as de compte à rendre à personne. Tu fais ce que tu aimes, c’est tout ce qui compte. » Tu le pensais. Vous n’étiez pas proches mais il avait été sincère avec toi, il semblait souffrir malgré tout de cette pression et tu voulais lui montrer qu’il avait eu raison de te faire confiance.

J'imaginai sa réaction par avance et cela me tira un sourire satisfait. J'avais toujours éprouvé du plaisir dans son malheur. Pour un regard inconnu, c'était certainement triste, deux frères qui ne se considéraient même pas. Nous ne faisions pas même semblant. C'était ainsi que nous avions toujours fonctionné. Du moins, que je l'avais fait. J'admettais que Lucas mettait certainement moins de rogne dans notre guerre. Peut-être parce que, en réalité, et contrairement à ce que tout le monde imaginait, il s'en était bien sorti. Mieux que moi ?! J'avais eu à subir Dan Scott et sa foutue pression toute ma vie. J'avais entendu le prénom de mon demi-frère sortir de la bouche de ma mère, énervée, jalouse, envieuse, des milliers de fois durant mon enfance. Lui avait été élevé par une mère qui s'en était sortie, somme toute, plutôt bien. Il avait eu des amis. Il avait eu Haley. Cette dernière ne tarda d'ailleurs pas à m'apporter la réponse tant désirée. « Si j’étais réellement amoureuse de toi et en couple avec toi alors j’aurais voulu qu’il le comprenne. Mais il ne l’a pas fait. » Je ne sus dire si j'étais surpris ou non. Un peu, peut-être. Parce qu'on m'avait toujours rabâché que j'étais très différent de Lucas, qu'il était posé, calme, qu'il aimait ses proches, les soutenait malgré tout. Or, il me semblait, tout à coup, beaucoup plus proche de moi. C'aurait sûrement été ma réaction, s'il s'était attaqué à ma meilleure amie.

Pour toute réponse, j'acquiesçai, tentai de décrypter les émotions qui se bousculaient. « Félicite-toi que nous fassions semblant, alors. » Dans côté, j'étais content de moi ; j'avais réussi à le mettre en rogne. J'avais réussi à creuser un plus grand fossé entre nous deux. Mais, d'un autre, je ressentais un peu de peine pour la jeune chanteuse. « Nathan… » Je relevai les yeux vers elle, m'attendant à ce qu'elle continue sur la narration de leur discussion à tous les deux. J'essayai de ne pas m'attarder sur le frisson qui avait parcouru ma nuque lorsqu'elle avait prononcé mon prénom. Je l'invitai à continuer d'un signe de la tête encourageant. « A propos de ce que tu as dis… Je pense que tu n’as de compte à rendre à personne. Tu fais ce que tu aimes, c’est tout ce qui compte. » Surpris, je haussai les épaules. Je ne pensai pas qu'elle reviendrait sur le sujet. Pourtant, elle avait raison, je le savais mieux que bien. Mais, après tout, que savait-elle ? J'étais persuadé qu'elle avait des parents géniaux qui l'avaient toujours poussée, soutenue. D'une façon saine. Pas comme mon père. « Merci. » fis-je malgré tout, croisant son regard une demi-seconde. Je n'appréciais pas tellement qu'elle capte cette faiblesse. Mais si je devais en vouloir à quelqu'un, c'était à moi. J'étais celui qui avait lancé le sujet. Je décidai donc d'essayer de le détourner à nouveau. « Bon, et c'est quoi notre prochaine étape ? »

Tu continuais de penser au comportement de Lucas mais tu ne pouvais lui en vouloir. Dès demain tu irais le voir, essayer de discuter. Tu savais qu'il finirait par comprendre et c'était peut-être ça le pire. « Félicite-toi que nous fassions semblant, alors. » Tu levas les yeux au ciel. Il n'était pas resté faible trop longtemps. Il ne comprenait donc rien ? Le fait que tout ça soit faux était encore pire. Tu mentais à Lucas ouvertement et pour quoi ? Ta carrière ? Depuis quand une carrière était devenue plus importante que ses proches ? Tu sentais que tu allais beaucoup souffrir de toute cette mascarade. Rien de bon ne pouvait en sortir. Il te remercia rapidement concernant ce que tu venais de dire pour le soutenir. Tu avais presque regretter cette phrase. Tu pensais avoir capté quelqu'un de différent mais non. Il était le même Nathan Scott et tu étais idiote de penser qu'il changerait. Tu bus une gorgée de ta boisson et l'écouta te reparler. « Bon, et c'est quoi notre prochaine étape ? » La prochaine étape de quoi au juste ? De toute cette comédie ? Vous passiez déjà du temps ensemble dans un lieu public n'était-ce pas suffisant ? Tu haussas les épaules, la moue un peu boudeuse. Tu avais cette fâcheuse tendance à arborer cette mine quand quelque chose te contrariait. Surtout quand ça t'affectait, que ça te faisait de la peine. Mais tu avais accepté, tu l'avais dit à ton agent, tu ne pouvais plus reculer et par dessus tout tu t'en voulais. « Je ne sais pas. » Tu avais déjà décidé de ce rendez-vous tu n'allais pas non plus gérer l'ensemble de votre faux couple. « Je porte ton bracelet et on boit un verre ensemble. Ce n'est pas suffisant ? »

Elle sembla soudainement beaucoup plus affectée. Je le remarquai au voile sombre qui avait terni les lueurs de ses jolies prunelles noisette. Je ne doutais pas que sa conversation avec Lucas l’ait, à ce point, marquée, émue. Je comprenais parfaitement, puisque je devinais à quel point ils étaient proches et l’avaient toujours été, qu’elle s’était attendue à une réaction plus nuancée, qu’elle avait été déçue par certains propos prononcés lors de cette entrevue. Pourtant, je ne voyais pas pourquoi elle ne s’en remettait pas. C’était idiot ; après tout, nous jouions la comédie. Lorsque tout cela serait passé, elle lui dirait la vérité, et tout reviendrait comme avant. Vraiment, je ne saisissais pas le problème. Ou, du moins, faisais-je semblant de ne pas le voir. Après tout, je n’avais jamais partagé une telle amitié avec personne. Je n’avais pas à craindre de mentir à quelqu’un que j’aimais comme un frère, ou comme une sœur. Peyton me trouverait certainement très immature, Tim s’en amuserait plus que de raison. Et c’était tout.

Je ne revins pas sur le sujet, cependant. Etrangement, son mal-être, ses yeux embués, me mettaient très mal à l’aise. Finalement, peut-être éprouvais-je de la sympathie à son égard ; je ne voulais pas qu’elle souffre. Je ne voulais pas en être témoin, ni même la cause. J’abordai donc le sujet de ce faux couple avec plus de légèreté, lui demandant ce qu’elle voudrait faire, en étape suivant, pour rendre cela plus crédible. Car, à mon humble avis, une apparition dans un café au centre commercial n’était amplement pas suffisante. Elle sembla lire dans mes pensées, et j'observai la moue boudeuse qu’elle m'adressait. Je lui répondis avec l’un de mes sourires séduisants, me demandai l’espace d’une seconde si cela lui déplaisait vraiment. Je ne sus répondre objectivement à cette réponse. Tout ce que je devinais, dans ses yeux, était que la perspective d’être en couple avec moi ne la mettait guère en joie. « Je ne sais pas. » avoua-t-elle, et cela me tira un sourire. Personnellement, j’avais une pléthore d’idées, mais j’avais décidé de lui laisser les premiers pas dans ce choix ; afin de l’épargner quelque peu. « Je porte ton bracelet et on boit un verre ensemble. Ce n’est pas suffisant ? » Instinctivement, mon yeux se posèrent sur son poignet.

Je ne regrettai absolument pas mon choix ; l’argent brillait discrètement autour de son bras, mettant en avant la finesse de sa main. Elle le portait bien. Je relevai rapidement mes yeux vers son visage, haussai les épaules en me demandant si elle était sincèrement sérieuse. Pensait-elle vraiment que cela suffise ? Bon, j’admettais que les journaux à scandale étaient toujours à l’affût. Il me suffisait d’être vu avec une jeune femme pour que cette dernière devienne ma fiancée. Mais tout de même… « Je ne sais pas ce que tu as l’habitude de faire avec tes petits-amis mais cela me semble… » Je m’arrêtai quelques millièmes de seconde, méditai sur le mot à utiliser. « Fort ennuyeux. » ajoutai-je avec un nouveau sourire narquois. Décidant de joindre le geste à la parole, je tendis la main, en posai le dos sur le bois de la table en lui montrant la paume. Je m’approchai de la sienne, m’arrêtai avant de la toucher cependant. Je pouvais sentir la chaleur s’en échapper, qui appelait au contact. « Peut-être qu’on devrait se tenir la main ? » Je m’empêchai de la frôler ; c’était à elle de décider si elle pouvait aller jusque-là. Ce que j’espérais, sinon quoi nous ne serions pas bien convaincants. Après avoir jeté un nouveau coup d’œil à ses doigts fins, je fixai à nouveau son visage soucieux. « Et puis, il faudra bien qu’on s’embrasse un jour ou l’autre. » J’admettais que, là, je la testais. Que cela me plaisait, de la pousser dans ses derniers retranchements. « Non ? »

Tu avais été assez embêtée par Lucas, sa façon d'être et voilà que c'était à l'autre frère Scott d'en faire des siennes. Tu avais cru percevoir chez lui quelqu'un de différent, de plus fragile, qui a besoin d'un peu de soutien de temps en temps et tu t'étais laissée aller vers des paroles réconfortantes alors que tu aurais pu franchement t'en foutre et te réjouir de son malheur. Mais tu n'étais pas ce genre de fille et tu ne le serais jamais. Tu pensais qu'une fois sa carapace un peu tombée il ne redeviendrait pas tout d'un coup ce séducteur prétentieux mais tu t'étais trompée. Ce garçon devait tout simplement avoir une double personnalité. Parler de votre couple fictif te gonflait, jouer ce couple aussi. Oui tu en avais peut-être un peu besoin mais pour l'instant tu ne le comprenais pas. Est-ce que tu voulais que ta carrière s'arrête ? Non. Alors il te fallait être adulte et accepter tout ça, mais est-ce que tu voulais jouer la comédie ? Certainement pas. Tu trouvais qu'être en face de lui dans ce café te coutait déjà beaucoup. « Je ne sais pas ce que tu as l’habitude de faire avec tes petits-amis mais cela me semble… Fort ennuyeux.» Ha parce que pour lui apprendre à connaitre l'autre était ennuyeux. Pas étonnant vu son degré d'égoïsme et de discussion… « Peut-être qu’on devrait se tenir la main ? Et puis, il faudra bien qu’on s’embrasse un jour ou l’autre. Non ? » Tu regardais la main posée juste à côté de la tienne. Espérait-il vraiment que tu allais prendre la sienne ? Et pire encore l'embrasser ? Oui tu y avais pensé, oui tu t'étais dit que ça arriverait mais tu en avais autant envie que de te pendre… Tu retiras ta main et soupiras excédée. « Et bien je suis désolée de te dire que je suis fortement ennuyeuse comme fille et que pour moi connaitre l'autre est primordiale. On ne voit pas juste une fois une personne avant de finir dans son lit… Mais ça tu ne le sais pas parce que tu ne dois même pas te souvenir d'une dizaine de prénoms de filles avec qui tu as couché. Toute cette comédie est censée redorer ton image. Laisse moi t'expliquer un truc : les gens aiment les contes de fées et croient en l'amour. Moi la première ! Ce genre d'histoire ne les fera pas rêver. »  Tu venais de débiter ton truc assez rapidement et tu te rendis compte après coup du fond du problème. jouer la comédie allait dans le sens contraire de tes principes, tes valeurs. Tu croyais profondément en l'amour et tu étais persuadée que la karma ne te laisserais pas tranquille avec cette histoire. Mais t'énerver contre lui n'allait rien changer. Tu avais acceptée tu ne pouvais pas ne rien faire avec lui pendant des semaines alors que tu avais dit à Lucas que tu sortais vraiment avec. Tu pris alors sa main sur la table. Et si au départ tu n'en avais pas envie, la sensation qui te parcourut lorsqu'il glissa ses doigts entre les tiens te déstabilisas. Tu passas ton regard de vos mains à ses yeux assez rapidement. Nathan avait tout pour plaire, il le savait et il en jouait. Mais tu ne pouvais pas en vouloir aux filles qui croyaient en toutes ses belles paroles et qui se faisaient avoir. « Prendre la main d'une fille dans un café, ça ça fait rêver les gens. C'est un geste de tendresse, d'affection… On est censés être le couple le plus mignon de cette planète à la Rachel McAdams et Ryan Gosling pas un couple ensemble juste pour… Enfin tu vois. » Votre histoire d'amour semblait bien compliquée. La prochaine étape serait sans doute la pire. Qu'allait-il se passer quand vous serez en compagnie d'une tierce personne vous connaissant ?

Si j’avais déjà eu un aperçu du sale caractère de la jeune femme qui me faisait face, je ne m’attendais tout de même pas un tel déferlement de rage et de mauvaise humeur. Tout ce que j’avais tenté de faire, c’était détendre un peu l’atmosphère, je la provoquais simplement pour lui faire oublier sa mauvaise journée, son entrevue ratée avec Lucas. Mais elle n’avait pas saisi. Comme toujours. La toute première fois que j’avais été touché par ses paroles assassines, ça avait été au lycée. Je l’avais remarquée aux côtés de mon demi-frère et, mon but étant de le faire souffrir le plus possible, j’avais tenté une approche auprès d’elle, espérant ainsi détruire son amitié avec Lucas. Cependant, elle avait, elle, était plus que claire sur ses intentions. Elle ne passerait pas une minute en ma compagnie, tant je la dégoûtais. Elle m’avait violemment rejeté. Ce qui, somme toute, avait été en sa faveur, puisque je n’aurais pensé qu’à lui faire du mal. Aujourd’hui, néanmoins, c’était différent. Je n’avais pas eu de mauvaises intentions en prétendant que ses relations étaient ennuyeuses. J’avais simplement fait une blague. Mauvaise, peut-être. Mais blague tout de même. Alors, lorsque sa tirade explosa à mes oreilles, je l’écoutai attentivement, levai les yeux au ciel quand un propos me semblait exagéré, tentai d’ouvrir la bouche afin d’en placer une, mais elle ne m’en laissa pas l’occasion.

Je n’essayai pas même de lui répondre, tant elle m’avait cloué sur place. L’espace d’un instant, je me posai toutes les questions que je n’avais même pas imaginées jusque-là. Était-ce réellement une mauvaise idée ? Haley pouvait-elle vraiment faire semblant ? Gagnerions-nous sincèrement, et durablement, une base de fans en mentant de manière éhontée. En ce qui me concernait, j’avais une réponse à toutes ces interrogations. J’étais prêt à faire face à tout cela ; après tout, la perspective de passer du temps avec la jeune femme me semblait ardemment agréable, étrangement. Je n’allais plus faire machine arrière. Il n’était plus temps de faire machine arrière. Mais qu’en était-il d’elle ? Et encore une fois, tandis que cette question s’incrusta plus profondément dans mon esprit, elle eut le geste qui me rassura, qui sauva toute cette mascarade – car j’étais sur le point de dire stop : elle posa sa paume dans la mienne. J’en fus d’abord surpris. Une bonne surprise. De celles qu’on aimerait qu’elles durent toujours. Je refermai mes doigts entre les siens, observai silencieusement sa fine main dans ma paume, m’empêchai de trouver ce contact trop plaisant. La chaleur de sa peau se diffusait contre la mienne et je trouvai ça agréable. Mais ça s’arrêtait là. Non ? Ce fut Haley qui parla la première.

« Prendre la main d’une fille dans un café, ça, ça fait les gens. C’est un geste de tendresse, d’affection… On est censé être le couple le plus mignon de cette planète à la Rachel McAdams et Ryan Gosling, pas un couple ensemble juste pour… Enfin, tu vois. » lâcha-t-elle, en explication à sa réaction. J’ascquiesçai. « Je n’ai jamais dit le contraire… En fait, c’est bien ce que je disais, on devrait se prendre la main, et ce genre de choses. » fis-je en faisant un signe vers nos doigts entrecroisées. Puis, je laissai échapper un petit soupir d’entre mes lèvres, je relevai la tête vers elle. « Ecoute, Haley, je suis désolé que tu aies mal pris ma remarque. Je plaisantais. » expliquai-je en haussant les épaules. « Je plaisante toujours, de tout. C’est ma façon de gérer avec le stress, avec la peur ou l’anxiété. J’essayais simplement de rendre ça moins pénible. » Pour elle. J’essayais de rendre ça moins pénible pour elle. Car, pour moi, c’était précisément ça, qui m’était pénible. Devoir m’expliquer, lui montrer que je n’étais pas seulement l’idiot qui faisait de la vie une grosse blague. Que je pouvais être sérieux. Et que j’avais des sentiments, des craintes. Un peu comme un gars normal.

Tu t'étais un peu énervée comme ça, sans le vouloir vraiment. Une seule et unique raison : la pression. Oui tu étais morte de trouille à l'idée de jouer cette comédie, de trahir tes proches et c'est Nathan qui avait tout pris. Clairement ce n'était pas juste mais tu n'avais pas pu t'empêcher. « Je n’ai jamais dit le contraire… En fait, c’est bien ce que je disais, on devrait se prendre la main, et ce genre de choses. » Tu regardas une nouvelle fois vos doigts entrelacés. La sensation était bizarrement agréable. Tu t'en voulais certes de ressentir ce genre de chose mais c'était inexplicable. Quand tu avais posé ta main tu n'avais pu le nier, il ne t'avait pas dégoûte. « Ecoute, Haley, je suis désolé que tu aies mal pris ma remarque. Je plaisantais. Je plaisante toujours, de tout. C’est ma façon de gérer avec le stress, avec la peur ou l’anxiété. J’essayais simplement de rendre ça moins pénible. » Tu soupiras à ton tour. Tu avais deux qualités indéniables : ta facilité à pardonner et celle à demander pardon. Et encore une fois il te montrait à sa manière qu'il n'était pas ce qu'il renvoyait. Tu te demandais à combien de personnes il se montrait de la sorte. Tu n'aurais jamais imaginé qu'il soit quelques fois stressé ou sensible. Mais il ne te l'avait sûrement pas montré avant parce que tu étais amie avec Lucas et surtout parce que tu l'avais vivement rejeté au lycée. Tu fis une petite pression sur sa main avant de parler. « C'est moi qui suis désolée. Avec Lucas, tout ça j'ai tendance à être moins patiente et tu ne le méritais pas. On est tous les deux là dedans on devrait se soutenir plutôt non ? » Tu lui fis un petit sourire et essaya de détendre l'atmosphère à sa façon. Mais tu étais Haley James, gentille jeune fille bien sage et tu allais probablement beaucoup l'amuser. C'était souvent pour ce côté que les gens craquaient pour toi : ton innocence et ta bonté. « T'embrasser alors hein ? Oui je pense que je pourrais m'y faire... »

J'avais beaucoup de mal à me faire à cette partie de moi qui se découvrait face à elle. C'était idiot, je ne comprenais pas pourquoi soudainement si sérieux, si inquiet presque, lorsque je me retrouvais en sa présence. J'éprouvais alors le besoin de me justifier de mes paroles blessantes ou d'actes impolis. Cela ne me ressemblait pas. Il m'apparaissait à présent qu'elle n'était pas la seule à être déstabilisée par ce jeu de faux-semblants. Les apparences me semblaient me bouleverser tout autant. Finalement, j'avouais que la situation commençait à me paraître un peu étrange. J'étais là, au milieu d'un café bondé de gens qui nous avaient probablement déjà reconnus, à tenir la main d'une jeune femme, à jouer au couple heureux, épanoui. Alors que je ne savais pas même ce que cela signifiait. Elle m'avait parlé de rêve, de romantisme. J'avais acquiescé, parce que je savais parfaitement que c'était ce que mon agent attendait de moi pour redorer mon blason. Mais comment faire ? Je n'avais pas eu deux parents aimants, je n'avais jamais eu une relation qui eut duré bien longtemps. Je soupirai discrètement, me repris. Il fallait tout simplement que je fasse confiance à mon instinct. Et puis, Haley me remettrait sur le bon chemin, comme elle l'avait fait quelques minutes auparavant.

Je me concentrai à nouveau sur Haley, tandis qu'elle me présentait des excuses. Sincères. Je me contentai de lui sourire ; elle avait parfaitement raison. Nous étions tous les deux enfoncés jusqu'au cou, à présent. On ne pouvait plus reculer sans provoquer une tôlée générale, un coup fatal à nos réputations. Il fallait donc que l'on avance ensemble. Ce qui me sembla être une bonne idée, même si la sonnette d'alarme s'était enclenchée dans mon esprit. Cela faisait longtemps que j'étais complètement indépendant sentimentalement parlant ; il me serait compliqué de feindre l'inverse. Mais j'essaierais. « T'embrasser alors hein ? Oui je pense que je pourrais m'y faire... » J'eus un rire à cette remarque, me demandai si j'avais été si convaincant que cela, ou si elle avait finalement compris que jouer les amoureux qui se regardent dans le blanc des yeux toute la journée ne nous mènerait à rien de concret. Puis, recouvrant mon sérieux, je tentai de nous trouver une autre étape. Quelque chose de décisif. J'avais entendu parler d'une soirée au Tric pour le Nouvel An. J'avais pour idée de l'inviter à s'y rendre en ma compagnie, un moyen d'officialiser les choses. « Puisqu'on est sur le sujet. Que penses-tu de nous rendre à la soirée du Tric, pour le trente-et-un ? Ma mère m'en a parlé, j'ai pensé que c'était une bonne idée... » proposai-je doucement, m'attendant presque à un refus ; après tout, Lucas y serait. Et elle ne semblait pas pressée de m’exhiber sous son nez.

Il s'amusa de ta petite phrase. Tu compris que tu n'avais pas eu autant d'assurance que tu l'aurais voulu. Mais cela te décrocha aussi un petit sourire. Tu étais naïve et tu t'en rendais souvent compte après. Mais Nathan ne se moqua pas et poursuivit. « Puisqu'on est sur le sujet. Que penses-tu de nous rendre à la soirée du Tric, pour le trente-et-un ? Ma mère m'en a parlé, j'ai pensé que c'était une bonne idée... » Tu en avais entendu parler il y a quelques temps de cette soirée. Tout Tree Hill allait y aller. Ce serait l'endroit parfait pour concrétiser tout cela votre couple, votre affection l'un pour l'autre. Tu lui fis un grand sourire et acquiesça de la tête en souriant. « Ce serait parfait Nathan ! Notre première sortie de couple officielle ! » Tu souris. C'était totalement ridicule. D'ici là tu espérais avoir parfaitement maitrisé ton rôle. Tu repris. « On devrait peut-être se voir dans un endroit privé la prochaine fois pour s'entrainer tu vois... »

Si je ne la connaissais pas mieux que cela, j'aurais pu être surpris du ton enjoué qu'elle avait pris en me répondant que j'avais eu une très bonne idée. Elle avait presque parlé d'une première sortie de couple officielle comme s'il s'agissait réellement de cela. Or, nous savions tous les deux que cela ne serait que des apparences de plus. Je me demandais si elle avait déjà joué la comédie durant sa carrière, si elle avait déjà répondu quelques mensonges dans une interview afin de paraître plus passionnante, ou meilleure personne qu'elle ne l'était déjà. Si elle avait déjà prétendu être en couple alors que ce n'était pas le cas. Instinctivement, je dirais que non. Elle semblait bien trop honnête, bien trop embêtée par toute cette mascarade pour en être une habituée. C'était sa première fois. Alors que j'avais l'habitude. Et pas seulement devant les caméras. Je jouais en permanence avec la fine ligne entre le mensonge et la vérité. Depuis toujours, aussi loin que je m'en souvienne, cela ne me dérangeait pas de raconter un petit bobard si cela m'emmenait plus loin.

Je répondis à son sourire, marquai la date dans mon esprit. Nous apparaîtrions donc, devant tous nos amis, tous nos voisins, les gens qui avaient partagé notre quotidien au lycée, au Tric pour la soirée du Nouvel An. « On devrait peut-être se voir dans un endroit privé la prochaine fois pour s'entrainer tu vois... » Surpris, j'arquai un sourcil. Essayait-elle de me faire marcher ? Etait-elle vraiment en train de proposer un rendez-vous en privé ? Que tous les deux ? Je me serais attendu à une telle remarque s'échappant de mes lèvres, mais pas des siennes. « Oui, ce serait sûrement mieux. Je te proposerais bien chez moi, mais je sens que tu vas flipper... » la taquinai-je en laissant échapper un petit rire. « Propose un endroit et je viendrai. » Mes yeux se posèrent sur ma montre, je remarquai que nous avions passé un bon moment ensemble. Lentement, je desserrai l'étreinte de mes doigts autour des siens, passai une main sur ma nuque. « J'ai complètement oublié la notion du temps. Peut-être que tu as des choses à faire ? »

Tu n'arrivais pas à croire que tout cela devenait bien réel. Vous alliez sortir pour la première fois en tant que couple, devant tout Tree Hill. Tu étais sûre que deux jours plus tard tu serais dans OK Magazine. Cela semblait si bizarre. « Oui, ce serait sûrement mieux. Je te proposerais bien chez moi, mais je sens que tu vas flipper... Propose un endroit et je viendrai. » Tu relevas la tête vers Nathan en entendant sa voix. Tu le regardas en lui faisant un sourire forcé et reprit ton sourire. Il te taquinait tu le savais mais tu aimais bien aussi lui montrer que tu n'avais rien à voir avec les autres filles qui gloussaient tout le temps. Rien de méchant, de la taquinerie à ta manière. « Je ne flipperais pas… Ca me va pour qu'on se voit chez toi. Vendredi, 18h ? » Tu n'allais pas te montrer peureuse, pas pour ça. Tu avais accepté, tu étais obligée de jouer la comédie et aller chez Nathan allait forcément arriver un jour où l'autre. Tu allais même devoir probablement faire semblant d'avoir dormi chez lui, mais ça c'était encore un autre problème et tu désirais avancer étape par étape. Tu sentis la main de Nathan t'échapper avant qu'il ne reprenne la parole. « J'ai complètement oublié la notion du temps. Peut-être que tu as des choses à faire ? » Il avait raison vous aviez sans aucun doute des tas de choses à faire. Enfin surtout lui. Toi tu allais rentrer chez toi et manger un énorme pot de glace pour te réconforter. « Tu as raison on devrait rentrer. » Tu lui souris et fini ton chocolat. Tu posas ta tasse et fouilla dans ton sac pour chercher de la monnaie. Tu sortis une pièce de ton porte monnaie et la posa sur la table, tu enfilas ton manteau et te leva. « Bonne soirée. » Tu fis ton sourire le plus sincère possible et te pencha vers lui. Tu déposas un baiser sur sa joue, le regarda quelques secondes dans les yeux et lui fis un petit signe de la main. Ce premier rendez-vous ne s'était pas si mal passé si ?